Page:Jammes - Le Roman du lièvre, 1922.djvu/262

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Et comme un martin-pêcheur d’azur filait sur les roseaux, le poète s’écria :

— Bon ange ! N’est-ce point que je vois passer dans les ailes de cet oiseau, la couleur des yeux de ma mère ?

Et l’être divin :

— Tu l’as dit. Mais regarde encore.

Et du haut d’un arbre où une tourterelle avait fait son nid, une plume, légère et blanche, tomba, volante, en tournoyant sur l’eau.

Et le poète s’écria :

— Bon ange ! Ce duvet si blanc n’est-il pas la douceur pure de ma mère ?

Et l’être divin :

— Tu l’as dit.

Un léger souffle rida l’eau, fit bruire les feuillages.

Et le poète demanda :

— N’est-ce pas la voix douce et grave de mon père ?

Et l’être divin :

— Tu l’as dit.



Alors ils continuèrent de marcher sur la route qui sortait du bosquet et longeait la rivière. Et bientôt, sous le soleil, la route devint blanche,