Page:Jammes - Vers, 1894.djvu/93

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


3


Les ronces pendent dans le chemin, le vent passe
dans les feuilles transparentes des peupliers,
et dans le lavoir jaune il y a des laveuses,
et souvent des linges à côté sont pliés.
Les canards, les poussins jaunes sont dans la boue,
les grillons chantent dans la haie, les moucherons
au-dessus de l’eau volent en faisant des ronds.
Les frelons volent et les petits enfants jouent.


4


Le ciel est bleu. Les herbes près de l’eau sont bleues,
et au soleil les maisons en chaux sont plus blanches
et les paysans suivent à long pas les bœufs
et derrière la herse qui racle ils se penchent.
Le vent souffle tout doucement sur le blé vert,
mais je passe ennuyé devant tputes ces choses
et sur les ajoncs qui piquent près des jardins
et près des fermes bien fraîches où aboient-les chiens,
sur le farouche rouge et sur le trèfle rose.


5


Bien que je m’ennuie, moi, je veux retourner là
quand je serai malade encore, vcir des bûches
dans les vieux jardins et secouer des lilas
pour faire pleuvoir les hannetons, boire aux cruches
sur Tévier frais, dans la cuisine qui sent fort,
et rester seul avec moi d’un air doux et triste
et puis me promener seul sans aller trop vite.