Page:Janin - Critique dramatique (1877) - Tome 2.djvu/306

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vrai, cette douce liqueur, mais pas un ne se hâte et ne dément, par son geste, l’attitude d’un homme qui se respecte et qui est très-habitué à boire suffisamment d’un vin généreux. Cependant, aux pieds de cette table, à peine agitée et surprise, il arrive que la foule, à l’aspect de ce vin qui coule à pleins bords, se rue et se précipite, ivre à l’avance d’une ivresse trop facile ! Alors commence entre ces ivrognes une bataille à coups de poing ; on apporte en foule des brocs, des verres, des bouteilles, et l’ivresse est lancée à pleine volée. Ainsi, au collège déjà, l’ivresse et la stupeur inerte de l’esprit commence à la griserie du roman plein d’écume et du drame frelaté.

Misère et vanité de ces pères insensés qui s’imaginent qu’une fois sur les bancs de l’école, ils n’ont plus qu’à tresser des couronnes à monsieur leur fils ! Les malheureux ! ils ont perdu leur enfant par cette science inerte et tronquée. Ils ont enseigné à cette âme stupide des passions qu’elle ne pouvait pas comprendre ; ils ont donné à cet esprit naturellement pervers des appétits incendiaires ; ils ont arraché cet homme inhabile et lâche aux travaux médiocres pour lesquels il était fait ; ils se sont privés, par une dépense inutile, d’une somme d’argent qui devait faciliter à ce malvenu ses premiers pas dans la vie active et