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Page:Janin - L’Âne mort, 1842.djvu/121

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Comme le chant léger d’un sylphe qui voltige
Sur les pas d’une fée aux pieds blancs et polis,
Et qui pose en passant, sans en courber la tige,
Ses ailes sur un lis ;

Une voix, doucement plaintive à ton oreille,
Te parlant dans la nuit sans te causer d’effroi,
Te dira bas, tout bas : « Enfant, tu dors, il veille ;
Il veille, et c’est pour toi !

« Il demande à la nuit les leçons de l’histoire,
De fabuleux récits, des pensers douloureux,
Et des accents de joie, et des chants de victoire,
Et des vers amoureux.

« Il cherche, pour te plaire, une palme suprême ;
Il veut sentir son front couronné comme un roi,
Pour se mettre à genoux et te dire : Je t’aime,
Je t’aime, c’est pour toi. »

C’est pour toi que je veux un nom grand et célèbre ;
Puis, à ton nom chéri prêtant l’appui du mien,
De l’avenir pour toi levant l’oubli funèbre,
Je lui dirai le tien.

Et tous les cœurs aimants, retrouvant leur folie
Dans cet amour vivant dont tu m’as enchanté,
Sauront ton nom plus doux que le nom de Délie,
Que Tibulle a chanté.