Page:Janin - L’Âne mort, 1842.djvu/227

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le commissaire de police était sa loi vivante et sans appel ! Aussi était-elle déjà prête à suivre qui la venait prendre. Déjà elle composait sa triste garde-robe de fille prisonnière : de vieux chiffons brodés, un peigne édenté, une brosse, un morceau de savon, de la pommade, un pot de fard et autres ingrédients d’une toilette de dernier ordre. Sur ces entrefaites, un agent subalterne arriva, elle tendit ses deux petites mains aux menottes, qui se trouvèrent beaucoup trop larges ; on eût dit, à sa grâce enfantine, qu’elle essayait des bracelets nouveaux ; le fer rougit son bras, mais sa main n’en était que plus blanche ; quand tout fut prêt, elle traversa la foule, monta dans un fiacre, et s’éloigna lentement au milieu des huées et de l’exécration publiques.

— Réjouis-toi, dis-je à Sylvio, la voilà perdue !

— Combien vaut-elle à présent, dit Sylvio, pourrais-tu me le dire ?

— À présent, tout l’or du monde ne l’aurait pas, et j’en rends grâce au ciel !

— Au moyen de ce crime elle est devenue plus inaccessible que la vertu la plus farouche. Les extrêmes se touchent, mon ami, dit Sylvio.

— Grille ou vertu, que m’importe ? elle est sauvée ; elle est rentrée dans la voie ; maintenant je puis être