Page:Janin - L’Âne mort, 1842.djvu/276

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et en homme. J’essayai alors de me rappeler tout ce que j’avais entendu dire sur la mort par pendaison : « Ce n’était que l’angoisse d’un moment ; elle causait peu ou point de douleur ; elle éteignait la vie sur-le-champ ; » et de là je passai à vingt autres idées étranges. Peu à peu ma tête recommença à divaguer et à s’égarer encore une fois. Je portai mes mains à ma gorge, je la serrai fortement, comme pour essayer de la strangulation. Ensuite je tâtai mes bras aux endroits où la corde devait être attachée ; je la sentais passer et repasser jusqu’à ce qu’elle fût nouée solidement, je me sentais lier les mains l’une à l’autre ; mais la chose qui me faisait le plus d’horreur, c’était l’idée de sentir le bonnet blanc abaissé sur mes yeux et sur mon visage. Si j’avais pu éviter ce bonnet blanc, cette mesquine anticipation sur la nuit éternelle, le reste ne m’eût pas été si horrible. Au milieu de ces imaginations funèbres, un engourdissement général gagna petit à petit tous mes membres.

« L’étourdissement que j’avais éprouvé fut suivi d’une pesante stupeur, qui diminuait la souffrance causée par mes idées, et cependant, même dans cet engourdissement stupide, je continuais encore à penser. Alors l’horloge de l’église sonna minuit. J’avais le sentiment du son, mais le son m’arrivait indistinctement, comme à