Page:Janin - L’Âne mort, 1842.djvu/312

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voix invisibles qui hurlent à ses oreilles. Clamart, c’est le champ de repos des suppliciés ; ils y reposent deux heures à peine, ou, pour mieux dire, ils ne font qu’un saut de l’échafaud à la table de dissection. Dans ce champ inhospitalier, la sépulture n’est qu’un vain simulacre, la bière du mort n’est qu’un prêt qu’on lui fait : enseveli à cinq heures, il est dépouillé à sept heures de son linceul, pour l’instruction des Dupuytren à venir. Nous sommes de singuliers curieux ! Nous avons fait du crime humain le livre de la sibylle. Mais, parmi les crimes humains, la science nouvelle n’en veut guère qu’aux plus horribles crimes. À peine le bourreau a-t-il porté sur une tête sa main sanglante, que le médecin arrive pour compléter l’œuvre du premier exécuteur. Quiconque a été un parricide, un empoisonneur, un assassin, un traître à la patrie, a de droit sa place dans le Panthéon phrénologique. Nous voulons savoir quel poids avait son cœur, comment sa tête était conformée ; nous gardons précieusement ses reliques. En revanche, nous enfermons sans tant d’apprêts le simple honnête homme dans sa tombe, et, ceci fait, nous l’abandonnons aux vers et à l’oubli.

Un seul fossoyeur est occupé dans le cimetière de Clamart ; il creusait un trou dans le sable.