Page:Janin - L’Âne mort, 1842.djvu/321

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Le corps était sorti à moitié du panier rouge, l’autre moitié en fut tirée... toute nue !

Le fossoyeur approcha la bière près du cadavre : — Maître, dit-il, je reviens dans un instant ; je vais boire la goutte avec ces messieurs, et je reviens.

Alors je déployai mon double linceul. Je pris à deux mains cette tête tranchée, je la parai de ses beaux cheveux noirs, j’enfonçai tête et cheveux dans ma taie d’oreiller, et je plaçai l’oreiller à l’extrémité du cercueil.

Restait le corps. Mais comment donc l’ensevelir à moi tout seul ? Sylvio était déjà là près de moi. Bon Sylvio ! Il leva de ses deux mains courageuses ce pauvre corps décapité ; moi, je portais ces deux pieds blancs et froids comme la neige. Hélas ! le sang et le lait coulaient à la fois de ce beau corps. Nous posâmes le cadavre dans la chemise blanche, transparent linceul, qui couvrait à peine ces deux mains doucement effilées ; mais cependant les épaules étaient entièrement couvertes, et même il restait assez de cou pour qu’on pût attacher le nœud qui devait fixer ce vêtement funèbre.

De vieilles femmes, de jeunes femmes, toutes les femmes de l’endroit avaient fait irruption dans le cimetière, et nous regardaient faire, moi et Sylvio.