Page:Janin - Les Catacombes, tome 1, 1839.djvu/184

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
158
LE MARQUIS

toutes les places, ils sont les maîtres. Voilà à peu près l’histoire de la bibliothèque du bon curé : les livres lui étaient venus de toutes parts : à chaque maison qui se vendait le curé avait des volumes, à chaque mort il avait des volumes, à chaque voyage, il avait de nouveaux volumes. Sa maison était devenue le dépôt général de tous les livres de la contrée ; et lui, il n’avait trouvé rien de mieux que d’aligner tout ce papier, bon ou mauvais, sans y regarder de trop près, et de s’en faire une savante et poudreuse galerie qu’il montrait avec orgueil aux autres curés, ses voisins, avant le dîner, quand le dîner était en retard.

Pourtant cette innocente bibliothèque fut bien funeste à mon pauvre ami Julien, le neveu du curé Gabriel, le propre fils de sa sœur, qui n’avait que cet enfant et plus de mari.

Ce petit Julien était un enfant naïf, d’un esprit vif, mais peu avancé, d’une intelligence vulgaire, mais prompte ; son imagination peu