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À BRINDES.

nête et calme petit village où je me reporte sans cesse par la pensée, par le souvenir, par le regret, par l’espérance, et que je vous montrerai un jour plus en détail dans le Chemin de traverse. Ce sont là tous mes pays lointains : je suis donc un voyageur comme il y en a peu, un voyageur n’ayant rien vu ; je suis même un voyageur comme il n’y en a pas, un voyageur qui ne voit rien de ce qui est sous ses yeux, et qui par conséquent n’a rien à décrire, rien à raconter. Donc rassurez-vous !

Aussitôt dit aussitôt fait, je pars. Ouvrez-moi la route et faites-moi place, car moi je suis aussi pressé que vous tous qui courez à votre but ; moi, cette fois, je n’ai absolument rien à faire ; et en avant ! C’est moi qui passe, moi-même, le moi oisif ! Déjà disparaissent à ma droite et à ma gauche les arbres du bois de Boulogne ; déjà s’enfuit de toute la vitesse de ses chevaux anglais le jeune Paris, si beau quand on le voit passer de loin. Sortir de Paris par la barrière du Trône c’est mal en sor-