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MON VOYAGE

terrible d’où sortait une puissante voix qui retentit encore à nos oreilles depuis bientôt quinze ans qu’elle s’est éteinte ; elle avait brisé ce cou si beau et si blanc dont Talma était si fier et qu’il portait toujours tout nu, même dans l’intimité ; aimable coquetterie d’un homme supérieur. Eh bien ! sur ces traits déformés par la mort, sur ce masque méconnaissable, même pour les amis du trépassé, le sculpteur David a retrouvé le regard, la bouche, le visage de notre grand comédien ; il a rendu à la vie, dans tout son éclat et dans toute sa majesté, cette noble et vivante figure que nous croyions perdue à jamais. C’est là un grand miracle de l’art, mais aussi c’est là le chef-d’œuvre d’un artiste habitué à vivre avec les grands hommes, habitué à étudier les moindres nuances de leurs visages. Si M. David a recomposé si vite le Talma d’autrefois avec le Talma qui n’était plus, c’est que le statuaire avait compris le comédien.