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MON VOYAGE

tendîtes cette faible voix qui vous parlait, et quand en regardant à vos pieds vous aperçûtes tout au bas l’auteur du Cid d’Andalousie !

Ainsi, à peine arrivé dans la ville natale de Pierre Corneille, j’allai expier par mon plus profond respect, et surtout par mon profond silence, les louanges calomniatrices dont on l’avait chargé à cette place. Et, comme toute bonne action a sa récompense, il me sembla que, pour prix de mon silence ce puissant regard qui anima tant de vertus héroïques, qui ressuscita tant de grandeurs évanouies, qui tira de la poudre des tombeaux tant de révolutions éteintes, se posait sur moi avec bienveillance, et que le grand Corneille écoutait la prière que je lui faisais humblement dans mon cœur : — Vous qui tenez une si haute place là-haut dans le ciel poétique, grand homme ! vous qui avez Shakspeare à votre droite et Racine à votre gauche, vous qui voyez Molière face à face, vous dont Voltaire porte en souriant, et cependant avec toute la