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MON VOYAGE

aussi difficile à lire qu’elle est difficile à faire ; la description écrase et tue. Comment dire en plusieurs pages ce que vous avez vu d’un coup d’œil ? d’autant plus que rien ne ressemble à un beau parc comme un beau parc, à un vieux château comme un vieux château ; mais ici, au château d’Eu, heureusement pour vous et pour moi chaque muraille, chaque plafond porte son nom, sa date, son héros et son histoire. Ce n’est plus là un de ces vieux manoirs inhabités où le souvenir a tout à faire ; c’est une vaste demeure habitée en effet, en même temps et à la fois, par tous ses anciens maîtres, qui y respirent armés de pied en cap, celui-ci dans son armure de fer, cet autre sous sa cape de moine, celle-ci reine sur son trône, celle-là grande dame couronnée de fleurs. Depuis neuf siècles que ces demeures sont fondées, pas un homme n’a touché ce seuil de son pied de fer, pas une dame n’a effleuré ces dalles blanches de son pied de satin, qu’on ne trouve là-haut son portrait dans ses habits