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UNE NUIT

chassait les orateurs de la tribune pour ne laisser régner que la raison. Vous ne sauriez croire avec quel ravissement j’écoutais ces rêveries touchantes ; car, autant les théories politiques sont à redouter parmi la foule ignorante et grossière, autant ces mêmes théories sont intéressantes dans la bouche d’un sage.

Une nuit où tout reposait, excepté nous et les sentinelles des deux camps, dont les lances au fer éblouissant renvoyaient au loin les pâles et doux rayons de la lune, nous nous promenions, mon philosophe et moi, dans les murs silencieux d’Alexandrie, sous ces portiques de marbre blanc, au milieu de ces fontaines qui ne se taisaient ni jour ni nuit, et comme dominés par le fleuve aux flots d’argent où se balançait mollement la galère de Cléopâtre. Nous nous taisions. Ce silence qui succédait à tant de tumulte n’était pas sans charmes ; et nous poursuivîmes notre route jusqu’à ce que nous fussions arrivés au palais de la Reine. C’était un vaste et élégant édifice