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UNE NUIT

fixement comme pour me défier d’en faire autant.

— Donne-moi ton fardeau, mon cher Éros, repris-je encore une fois : tu dois être bien fatigué de l’avoir porté toute cette nuit !

Il me le céda sans mot dire, mais en le chargeant sur mon épaule il avait je ne sais quel sourire sardonique qui n’annonçait rien de bon.

— Puisque tu veux à toute force mon fardeau, le voici. Imprudent ! que dirais-tu si ce tapis devenait tout à coup une jeune lionne prête à te dévorer ? Ce tapis est comme un rosier de l’Égypte : ne remuez pas sa jolie tête rose et parfumée, vous en verriez sortir un aspic au noir venin. Rends-moi, homme libre, rends-moi mon fardeau, car ta liberté te sera un méchant bouclier à l’instant du danger.

Cependant j’étais décidé à voir la fin de cette singulière aventure, je ne voûtais pas par une vaine terreur perdre le fruit d’une nuit d’attente ; et malgré les sinistres prédictions d’É-