Page:Janin - Les catacombes, tome 2.djvu/51

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
44
LA SŒUR ROSE

main ils devaient être les maîtres de cette poussière et lui dire encore : Obéis-nous ! — Les insensés ! ils ne songent même pas à se défendre contre cette bête rugissante qu’ils ont déchaînée et qu’ils appellent le peuple ; ils jouent avec le lion comme si le lion n’avait pas ses dents et ses griffes ! Pour s’amuser sans danger de pareilles orgies, qui perdent à la fois le passé et le présent d’un peuple, il faut être comme moi, presque éternel. Voilà pourquoi, même dans ces folles nuits de débauche, si tu veux y voir à fond tu trouveras quelque chose de triste qui fait peur… Ici le diable se prit à rire de sa propre moralité.

Moi cependant je regardais toujours dans cette maison toute remplie de lumières, de silence passionné, de gourmandise, d’esprit et d’amour. Tous les jeunes invités à cette fête étaient arrivés ; un seul manquait encore, et déjà on paraissait ne plus vouloir l’attendre quand enfin nous le vîmes paraître. C’était un homme jeune encore, d’un aspect sévère. Il