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LA SŒUR ROSE

n’avait rêvé tant de porcelaines immondes, tant de seins nus, tant de regards avides, tant de vins et tant de fleurs. Au milieu de ce désordre elle se sentait naître enfin ; elle était comme une furie, mais belle et puissante. Et en effet je te laisse le juge si c’était là une transition incroyable : passer ainsi du cachot chrétien à l’orgie voltairienne ! Elle en fit tant et elle en dit tant dans ces premiers délires de l’enthousiasme et de la passion qu’elle fit peur même aux convives, comme si la foudre allait tomber sur eux ; même plus d’une qui s’abandonnait librement à l’orgie se voila les yeux et voulut s’enfuir loin de cette damnée ; les plus braves d’entre eux se regardaient, éperdus et n’osant parler.

Quand Léonore eut bu et quand elle eut mangé :

— Ça, dit-elle, qui donc va nous chanter quelque chanson à boire ? Est-ce toi, mignonne ? dit-elle à une jeune élève de Mlle Duthé déjà digne de sa maîtresse.