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ALBERT DURER.

au saint-père ; et c’était déjà beaucoup pout le Vatican, qui était dépassé.

Figurez-vous donc quel dut être l’étonnement d’Albert Durer quand il se trouva, le crayon à la main, en présence de Philippe Mélanchton, l’ami, le conûdent, le disciple incarné de ce terrible Luther ! Mélanchton, qui sert de voile à Luther comme saint Jean à Jésus-Christ, qui en est comme lui le reflet gracieux et mélancolique, la partie matérielle et saisissable, qui fait par instinct ce que le maître fait par inspiration, par humanité ce que l’autre tait par ambition, calmant son maître quand son maître est en colère, relevant ceux qu’il écrase, encourageant ceux qu’il désespère ; Mélanchton, le plus grand bonheur de Luther, après la corruption de Rome cependant et l’insolence monacale. Durer vit donc Mélanchton face à face ; et, le voyant si doux et si beau, et le visage si empreint de cette fatalité inexplicable qui révèle toutes tes grandes âmes, Albert Durer devait