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MÉTIERS.

mollement étendu au coin de la rue sur les crochets du commissionnaire, attendant un chalant qui va venir ! À une heure du matin, dans les halles, quand tout Paris vient d’entrer dans le sommeil, sommeil haletant et précipité et plein de remords et entrecoupé de voluptés fugitives, sommeil dans la soie volée, véritable cauchemar commencé au bruit des voitures et qui s’achève aux cris des marchands d’habits, vous entendez autour des halles un bruit singulièrement animé. On ne dort pas aux halles ; aux halles les petits métiers commencent. Alors arrive de toutes parts, attelé à de petites voitures, un peuple de négociants qui spéculeront toute la journée sur un boisseau de pommes de terre, sur douze bottes de carottes, sur un paquet d’oignons, sur quelques douzaines d’œufs. Pendant que le grand commerce de comestibles reste immobile à sa place, attendant fièrement les cuisiniers des grandes maisons et le savant cordon-bleu de bourgeoisie, voilà nos spéculateurs