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LES PETITS

en petit qui s’éparpillent de bonne heure pour porter aux pauvres et aux poëtes leur nourriture de la journée. Le pauvre mourrait sans ces carottes, ces pommes de terre et ces œufs équivoques. Le pauvre n’est pas assez riche pour aller chercher ses vivres à la halle, où tout est à meilleur marché : il attend à son cinquième étage ; il attend non-seulement la providence de chaque jour, mais la providence de chaque heure de la journée. Ainsi est fait le grand Paris, le Paris qui travaille et qui espère ; toute la vie de ce Paris de second ordre se passe à acheter son repas à des revendeurs. Le matin, quand la laitière a préparé son lait et se repose noblement à côté de son chien et de son vase en fer-blanc, vous voyez arriver à la file tout le quartier matinal : des femmes en casaque blanche, pâles encore de leur sommeil, et les cheveux retenus dans leur mouchoir de petites filles de quinze ans qui viennent à la place de leur mère, violettes de froid et les cheveux flot-