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LES INFLUENCES DE LA PLUME DE FER

D’autant plus que voici une raison sans réplique. Comparez, je vous en prie, les chefs-d’œuvre écrits avec le fer aux chefs-d’œuvre écrits avec la plume. Quelle différence, grand Dieu ! entre ces deux procédés, et quel immense abîme les sépare ! La plume d’oie, ou plutôt la plume de cygne, vous a donné tous les chefs-d’œuvre du grand siècle, œuvres du goût, de la raison, du bon sens et de l’esprit français. Ces nobles œuvres méditées à loisir, qui vivront éternellement et à l’éternel honneur de l’esprit humain, l’Art poétique de Despréaux, les tragédies de Racine, les chapitres de Labruyère, les comédies de Molière, les Fables de La Fontaine, à quelle plume les devons-nous ? Croyez-vous que les grands génies du grand siècle, si attentifs sur eux-mêmes, se seraient fort accommodés de cette furie sans frein qu’on appelle la plume de fer ? Ils avaient la main trop légère et l’esprit trop posé. Pascal lui-même et Bossuet ces génies sévères, ces