Page:Janin - Les catacombes, tome 4.djvu/127

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
122
les mémoires

Martial ! l’envieux Martial ! Même on ne peut pas dire : Le méchant Martial ! Parce que j’ai été un des maîtres de l’épigramme, parce que j’ai stigmatisé tant que j’ai pu les envieux et les méchants, parce que j’ai jeté à pleines mains le ridicule autour de moi, parce que j’ai eu faim et que j’ai eu froid, parce que j’ai vécu dans l’abandon, parce que j’ai été un parasite à la table des grands, ce n’est pas à dire que je n’aie pas aimé, que je n’aie pas été aimé dans ma vie ; au contraire les plus charmants poëtes de cet âge et les plus populaires, Ovide et Tibulle, n’ont pas eu plus d’amis célèbres et plus de belles maîtresses que Martial. L’esprit est une grande puissance ; il sert aux hommes de beauté, de jeunesse, de fortune ; il remplace la naissance, il remplace toutes choses. À ces causes, j’ai été recherché dans les meilleures maisons romaines, j’ai été l’ami des plus illustres familles ; les plus jolies femmes de Rome ont tenu à honneur de courber leur front poli sous le tendre baiser de Martial. À quoi servi-