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de martial.

Priscus me demandait quel est le meilleur des repas : « Celui, répondis-je, où vous trouvez un ami et pas un joueur de flûte. » Un autre jour c’était Mamurra qui me consultait sur ses lectures. Le bon jeune homme n’aimait à lire que les vers sanglants, le meurtre et le poison lui plaisaient avant toutes choses, c’était de son âge ; Œdipe, Thyeste, Seylie, tels étaient ses héros, telles ses héroïnes : « Allons, lui dis-je, laisse là ces fables. Que te fait l’enlèvement d’Hylas ? que veux-tu tirer du sommeil d’Endymion et de la chute d’Icare ? Nous sommes au temps des études sérieuses : renonce aux fables frivoles et lis les histoires. » En effet, notez-le bien, si cette époque de décadence se manifeste à l’avenir, ce sera surtout par l’histoire ; les poëtes qui auront joué comme j’ai fait avec les révolutions qui passent et les monuments qui tombent, la postérité les traitera mal. Fou que j’étais ! le conseil que je donnais à Mamurra, pourquoi dont ne l’ai-je pas suivi ?