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les mémoires

cœur toutes vos poésies et je connais à fond toutes vos misères : vous êtes entouré d’ennemis et de flatteurs ; vous êtes le jouet de l’amitié et de la gloire. Malheureux, qui avez flatté en tremblant Domitien lui-même ! infortuné et noble esprit, qui vous êtes fait le jouet des nobles et des riches ! Je vous plains et je vous aime, Martial ! Je me suis dit à moi-même que vous étiez perdu sans retour si quelque honnête fortune et un cœur dévoué ne venaient à votre aide. Martial, pauvre homme ! ta jeunesse s’est perdue en flatteries inutiles, ta vie se perd en méchancetés inutiles ; tu as jeté aux vents et sans pitié les trésors les plus précieux de ta poésie ; le loisir, non le génie, t’a manqué pour être un grand poëte. Eh bien ! voici que je viens à ton aide, moi qui t’aime, moi qui suis belle, moi qui suis riche ! Non, il ne sera pas dit que tu sois plus malheureux que les autres poëtes de Rome, qui, dans l’égoïsme général, et privés de Mécènes, ont été inspirés ou sau-