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étienne béquet.

Planche à son élève, pourquoi est-elle touchante ? C’est que, sans se rien dire, ces deux hommes se sont compris.

— Tu m’es resté fidèle, disait le maître ; tel je t’ai fait et tel je te retrouve ; tu n’as pas renié nos vieux dieux ! Je t’avais élevé pour les défendre et pour les aimer ; tu les as aimés et défendus jusqu’à la fin : sois donc béni, mon fils !

— Merci, mon père, disait l’autre. Puisque je vous retrouve à mon chevet, ma fidélité a donc porté doublement sa récompense ; car jusqu’à la fin vos dieux, qui sont les miens, ont fait ma joie et ma gloire ; je leur ai dû mes seuls instants de repos et de bonheur ; ils m’ont accompagné dans tous mes délires ; ils ont été la seule consolation de cette longue fièvre qui me consume, ils ont jeté sur moi leur manteau de pourpre comme a fait le fils de Noé sur son père. Grâce à eux, quand je passais, même en chancelant, dans cette ville qui était mon domaine, chacun avait pour moi