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étienne béquet.

qu’il avait commencé à traduire Lucien, et même il a publié quelque chose de sa traduction. Et certes, s’il y eut jamais deux hommes bien accouplés l’un à l’autre, c’était celui-ci et celui-là. C’était en effet de part et d’autre la même ironie cachée, le même sang-froid dans l’esprit, la même modération dans le sarcasme, nés l’un et l’autre dans un siècle agité, peu littéraire, en proie au doute, et qui repassait lentement toutes ses croyances, procédant l’un et l’autre par la plus fine raillerie, se moquant beaucoup des dieux, un peu des hommes, et, au demeurant, s’inquiétant peu du sort de leur moquerie. En effet, que leur importe ? ils savent très-bien qu’ils ne changeront pas le monde, et enfin ils ne donneraient pas ça pour les changer.

Une autre fois, nous étions alors au siècle des romans sanglants, des nouvelles terribles, des drames effrénés, il voulut écrire un roman, lui aussi ; et par un beau jour de printemps (je l’ai vu écrire) il se mit à l’œuvre,