Page:Janin - Les catacombes, tome 4.djvu/211

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
206
étienne béquet.

sait comme l’oiseau chante. Jamais il n’a eu plus de verve éloquente que dans les derniers jours de sa vie, jamais il n’a été plus ingénieux et plus charmant. Si la conversation prenait un ton plus haut qu’à l’ordinaire, il la ramenait naturellement et sans effort à toute la douceur de ce murmure intime dont il emporte le secret ; parlait-on de politique, il brisait le discours sans qu’on y prît garde. En vain lui disait-on : — Mais prenez garde !… Il répondait : — J’aime mieux beaucoup de fatigue qu’un peu d’ennui… Une fois à son chevet, il était impossible de lui échapper. À votre premier geste pour sortir, il vous jetait dans une longue histoire, et malgré vous, et tout en sachant le mal que vous lui causiez, vous écoutiez avec plaisir la fin de cette histoire.


Enfin, avant-hier vendredi, il est mort le sourire sur les lèvres ; il s’est éteint comme s’éteint une lampe qui a brûlé trop vite. À voir ce regard si calme, ce sourire si fin, il