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l’aveugle.

théâtral. Ce monde-là se divise en deux parties, le vieux et le jeune monde. Le vieux monde dramatique a été beau, j’en conviens ; mais à présent sa peau se contracte, les cheveux lui tombent, les rides le sillonnent de toutes parts. Veux-tu donc que je demande des yeux pour voir toutes ces horreurs, ces jeunes premiers d’un demi-siècle, ces ingénues de soixante ans ? Non, non, ce vieux monde n’est pas ce que je regrette ; le vieux monde du drame me faisait fermer les yeux quand j’y voyais. Quant au jeune monde, avoue, mon ami, qu’il est peu favorisé des dons de la beauté ? Quelle est la jeune fille de nos théâtres assez belle pour qu’on ne regrette pas la dent qui lui manque, ou qu’une de ses hanches ne soit trop haute, ou que sa main soit trop large, son pied trop long ? quel est le héros dramatique qui n’ait à se reprocher quelque imperfection théâtrale ? La beauté physique n’est plus dans le monde des arts ; pour ce monde-là, pauvre, humilié, malheureux,