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croquis.

bouche ouverte en rêvant, il ne trouve pas à son réveil son gosier aride et desséché ; il rêve la tête penchée, bien couché, mollement couché ; il rêve alors des enfants qu’il a faits ; jolis enfants tout nus, tout riants, tout ébouriffés, vrais bohémiens de grandes villes. Ces enfants sont à lui, Charlet ; il les a habillés en blouse et en casquette, il leur a donné un nom et une couleur, il leur fait des mots comme M. Beugnot en faisait à Louis XVIII ; c’est Charlet qui lève ces enfants le matin, c’est lui qui les promène le matin, qui leur donne à déjeuner ; c’est lui qui les mène à l’école avec les mutuels ; enfants curieux, enfants malins, bons enfants. Entourez le rêve de Charlet, penchez-vous sur son front et rafraîchissez-le de votre souffle parfumé. Puis l’enfant s’en va ; Charlet reste seul dans la rue. Soyez tranquilles, Charlet trouvera quelque chose dans la rue, quelque jeune femme blanche portant son enfant dans ses bras, ou bien un enfant sur un cheval, ou