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maître

le royaume, la nuit arrive : alors, après ma prière, le frisson me reprend. Je me mets au lit en tremblant, et je m’endors. Mon sommeil est horrible à peine endormi, je recommence mon métier d’autrefois ; j’étais maître tout à l’heure, je suis valet à présent. Oh ! que de tortures morales et physiques oh que de petites douleurs plus cruelles mille fois que les grandes douleurs ! C’est un rêve continuel tout empreint de domesticité : je loge dans les combles de la maison ; dès le matin je me lève pour panser mes chevaux ; l’animal bondit sous ma main ; je le frotte et je le pare, et dans sa robe luisante je vois mon visage encore tout pâli par les veilles ; à peine mon cheval est-il pansé que j’entends le maître qui sonne… C’est horrible !… À midi il monte sur le cheval que j’ai rendu si beau… C’est horrible !… Le soir il me place derrière lui, et je suis là, attendant pour remuer un geste de sa femme, un son de sa voix… C’est horrible Le soir je le vois entrer chez Fanny, chez