Page:Janin - Les catacombes, tome 6.djvu/137

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
130
l’apologie

lève la ceinture ; et que sais-je encore ? Tel était à vingt-cinq ans le jeune Lucius.

À la fin cependant, à force d’approcher de cet homme si heureux, l’envie se trouva tout à coup face à face avec lui. Après avoir parlé tout bas d’abord, puis plus haut, l’envie se met à dénoncer Lucius comme un voleur, comme un traître, comme un empoisonneur, que dis-je ? comme un magicien ; car, dans cette lente et ignoble décadence de la société romaine, c’était là une supposition généralement acceptée, que certains hommes avaient un commerce réglé avec les esprits infernaux. Horrible époque où quiconque n’était pas un lâche ou un flatteur, quiconque ne tendait ni la main à l’aumône ni la joue à l’insulte, quiconque échappait au délateur, quiconque vivait par la force de son âme ou la probité de son esprit, à coup sûr celui-là était coupable de magie ! Et voilà donc où en était arrivée cette société romaine élevée à l’école de Cicéron et des deux Brutus !