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d’egmont.

même, et si quelqu’un était là elle le dirait tout haut, en un mot, elle a peur.

Elle eut si peur qu’elle se résolut sur-le-champ à aller trouver son vieux mari, le comte Casimir-Auguste d’Egmont Pignatelli.

Le comte d’Egmont n’était guère né pour être le mari de sa femme. C’était, il est vrai, un gentilhomme de pure race, un homme d’origine princière, mais voilà tout. Or, dans ce dix-huitième siècle si mouvant et si remué, la noblesse toute seule commençait à ne plus suffire ; déjà de toutes parts ce n’étaient que gentilshommes révoltés contre leurs blasons, et qui volontiers grattaient leurs parchemins pour y transcrire des livres de philosophie (et ils les ont si bien grattés qu’il a été depuis impossible de retrouver un seul mot sur ces parchemins défigurés) ; de toutes parts c’étaient des nobles qui se faisaient peuple dans ce peuple, par orgueil et par bon ton, comme si on eût dû les reconnaître à coup sûr, même dans la foule ; de toutes