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POURQUOI LES MAMANS PLEURENT…

babillaient dans les arbres, des papillons passaient en voletant, si légers, si mutins, qu’on les eût dits échappés de quelqu’un de ces blancs nuages qui voyagent dans l’azur profond. Et toujours le beau petit ruisseau qui coulait en miroitant sous le soleil !

Je restai là longtemps, puis il fallut bien que je m’en revienne. Tous les jours et à toutes les heures, il y a ainsi des choses qui m’enchantent et me font peur à la fois. C’est pourquoi j’ai pensé que je pourrais, plus tard, m’imposer de grandes pénitences, en me faisant carmélite. Puisque, comme tu disais l’autre soir, il faut toujours souffrir dans la vie, tôt ou tard. Mais je n’ai pas le courage de demander au bon Dieu que ce soit tout de suite et abandonner ce que j’aime tant !…

N’entendant pas de réponse, l’enfant leva la tête et vit de grosses larmes rouler des yeux maternels. Quoi ! Était-il possible que cette enfant si heureuse en ce moment, si confiante et candide eût un jour à souffrir de douleur ? Comment en douter ? C’est surtout aux âmes d’élite que la cruelle s’attaque. Et la pauvre femme pleurait, sous le regard étonné de la fillette.