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CONTES D’HIER

des yeux — « Je crois bien que la lumière vous frappe en pleine figure, Clément ? Je vais baisser l’abat-jour »…

« — Mon Dieu ! Clément, vous avez trop chaud, vous voilà rouge, Marie, si tu te déplaçais un peu ! » Et ainsi de suite. La pauvre Marie en était toute honteuse parfois. Moi je ne compris pas d’abord, n’ayant jamais été fin devineur ; je crois même que c’est seulement aujourd’hui que j’y vois clair jusqu’au fond. Devant mon indifférence, elle changea de tactique, et s’en prit à la santé de sa sœur. Elle craignait pour elle les courants d’air qui la feraient tousser, elle ne voulait pas la laisser trop marcher, vu sa grande faiblesse, elle venait lui pincer les joues devant moi en disant : « Es-tu pâle !… Qui s’aviserait de nous croire sœurs ? » Un jour elle me demanda hardiment : — « Ne craignez-vous pas pour sa santé ? — Non, répondis-je, cela viendra petit à petit. Après la maladie qu’elle vient de passer, pouvons-nous désirer davantage ?… »

Durant trois semaines, elle s’appliqua assidûment à se montrer, en ma compagnie. Je me