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CONTES D’HIER

Un après-midi d’été excessivement chaud, grand’mère voulut faire sa sieste, et Roberte en profita pour terminer un livre dont il ne lui restait plus qu’une mince épaisseur de feuillets à parcourir. Elle traîna un fauteuil sur le balcon, espérant y respirer plus à l’aise. Elle s’assit, et sous l’auvent lourd de soleil, se plongea dans la lecture. Ce fut bientôt fait. Elle arriva à la dernière page, puis au mot fin, et en même temps que le volume, elle ferma les yeux pour rêver mieux. — « C’est très beau, madame, très beau et surtout, très bon, j’imagine, d’être aimée de la sorte », murmura-t-elle sous forme de compliment à l’héroïne.

Et voici qu’à cette parole, l’héroïne lui apparut en personne, comme au temps des fées : elle était de petite taille, remuante, avec un minois brun et des yeux luisants, si bien que la jeune fille reconnut madame Laferté. Et l’apparition se mit à parler avec ferveur :

— Oh ! oui, comme c’est bon ! Je suis heureuse, heureuse !! Il m’aime tant que je ne trouve pas de mots pour l’exprimer. J’ai deux petits enfants et je voudrais ne jamais les quitter. Ah ! je vaux