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CONTES D’HIER

sans attirer l’attention. L’autel était toujours abondamment garni de lilas, dont la vie fragile s’exhalait en parfums suaves. Les statues semblaient la reconnaître et lui sourire. Il faisait bon prier. Cependant, elle n’y put bientôt trouver nulle douceur. Les jours s’envolaient avec une rapidité inouïe ; la fin approchait et son cœur en saignait. « Je vais partir ! répétait-elle comme une plainte, et ma vie de petite fille sera finie, finie. Je sais bien que je demeure tout près, ce qui me permettra de revenir, mais ce ne sera plus la même chose, je ne me sentirai plus jamais chez moi ». Ces tristes pensées se changeant en obsession, elle en vint à imaginer les rêves les plus fous. — « Si j’étais, songeait-elle, mettons une vieille demoiselle, ayant eu des malheurs, et qui se serait retirée dans ce couvent. Pour occuper mes loisirs, j’aiderais à enseigner… mettons la musique. Je coudrais des vêtements pour les pauvres, des ornements d’autel… Et tous les midis, je ne manquerais pas de venir rendre visite au Saint-Sacrement ».

En attendant ce temps problématique, la dernière semaine arriva ; on comptait les jours, les heures. Enfin, ce fut la distribution des prix, et les fillettes s’envolèrent de tous côtés.