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LES LILAS

Les jours qui suivirent lui apportèrent un peu de calme. Elle voulut s’observer et ne fit qu’accroître en elle l’impression première. Elle n’aimait pas M. Deland. Quel dommage qu’il fût si obstiné ! Avec délices elle reprit l’innocent petit jeu qui consistait à s’imaginer qu’elle était une vieille personne, assez fortunée, réfugiée au couvent et qui etc.… Elle réunissait ses souvenirs et avec un art parfait s’en composait une vie factice dont elle jouissait pleinement en esprit. Sa mère s’étonnait qu’elle pût demeurer si longtemps au piano, à jouer des airs sans rimes ni allures ou penchée sur son ouvrage sans ouvrir les lèvres ; et Claire souriait, se disant à elle-même : « Comme ce sera bon quand ce sera pour vrai !!! » Car enfin elle vieillissait chaque jour. Lucienne qui grandissait la remplacerait bientôt et réunirait sur elle toutes les attentions avec sa pétulance et son ardeur à vivre. Entre temps, il fallait espérer que M. Deland aurait perdu patience. Alors Claire, devenue absolument libre, ferait œuvre pie en s’offrant comme aide à la maîtresse du couvent. Les leçons terminées elle s’en reviendrait en passant par la chapelle, et glissée dans un banc, prierait un peu. — Surtout l’été, quand