Page:Jarret - Moisson de souvenirs, 1919.djvu/67

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
69
ADOLESCENCE

n’était pas cela et je sais bien, moi, où elle venait se réfugier pour y vivre à jamais dans sa fraîche beauté.

Aux neiges de décembre, lorsque j’eus douze ans bien sonnés, je pensai aux vacances : que me réservaient-elles cette année ? Une chose à laquelle je ne m’attendais certes pas. Maman m’écrivit que nous allions demeurer à Montréal et que j’aurais ainsi le bonheur de passer le Jour de l’an en famille. Tous, me mandait-elle, s’occupaient de paqueter et la maison présentait l’aspect d’un véritable capharnaüm. Cette nouvelle me laissa atterrée, bouleversée, étourdie. Devais-je regretter ou me réjouir ? Elle m’impressionnait à ce point, qu’il me devenait impossible d’en parler.

Aussi bien, ce fut grand’mère qui avertit la supérieure. Grand’mère était débordée de joie. Elle m’entretenait sur un ton familier et avec une expansion !… Ne parvenant pas à démêler mes impressions, je me concentrai dans le plaisir de recevoir Jean chez moi et de le voir enfin !

Papa nous attendait à la gare et ce fut vraiment délicieux ce Jour de l’an au complet. Les projets d’installation, les nouvelles habitudes à créer donnaient un entrain extraordinaire aux conversations. On ne s’entendait plus. Grand-père, grand’mère et tante Louise étaient venus nous voir, mais ni Jean ni les siens. Au jour des Rois, quelques-uns accompagnèrent nos parents à Saint-Claude et j’aidai Amanda à garder les plus petits.

Mais en arrivant à Maricourt, voici que j’eus l’heureuse surprise de rencontrer Jean. Il allait justement partir pour le collège avec son père,