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SPÉCULATIONS

Le noyé mâle, en la saison du frai, laquelle dure presque toute l’année, se promène dans sa frayère, descendant, selon sa coutume, le courant, la tête penchée en avant, les reins élevés, les mains, les organes du frai et les pieds ballant sur le lit du fleuve. Il reste volontiers des heures à se balancer dans les herbes. Sa femelle descend pareillement le courant, la tête et les jambes renversées en arrière, le ventre en l’air.

C’est la vie.

LE CHANT DU CYGNE

Ayant déjà parlé du volant et du drapaud, nous n’avons point de bonne raison pour ne point étudier cet autre volatile, le cygne. Le cygne est un gros oiseau d’eau, dit Buffon. Néanmoins, omet-il de préciser, il n’en faudrait pas conclure qu’on doive le confondre avec le meleagris fluviatilis ou dindon d’eau, improprement mais conformément aux règles de l’ « attraction » grammaticale, dit : dindonneau. Le cygne s’en distingue par sa blancheur, laquelle n’est comparable qu’à celle du lys observé dans les conditions les plus favorables à la faire ressortir, par exemple dans une vallée assez abritée du soleil pour être transformée à peu de chose près en chambre noire. Mais il ne saurait non