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SPÉCULATIONS

effet, son long cou ne s’articule de pas moins de vingt-trois vertèbres, ce qui lui permet de porter une grande puissance de son sur un point donné, en tournant la tête. À son exemple, M. Sax a construit les pavillons de ses cors mobiles sur leur axe et recourbés. Fétis atteste que par cette méthode la sonorité est au moins doublée. Il est regrettable qu’aucun constructeur de saxhorns n’ait pensé à créer des pavillons se refermant en deux, à l’instar de celui du cygne, qu’on appelle « bec » par un abus, et qui sert à mettre la trachée à l’abri des poussières.

Se faire un chemin libre dans l’air par des appels de trompette (le cygne a suggéré l’ange du jugement dernier) est indispensable au vol du cygne, dont Hésiode, comme on sait, proclame la vitesse et l’altitude. L’aigle lui-même, s’il ne s’ôtait de sa route, serait précipité.

Peu de mots, maintenant, suffiront à faire comprendre ce qu’est le « chant » du cygne. Rappelons le passage d’Aristote (IX, xiii, 4).

Les cygnes chantent, et ils chantent surtout quand leur mort approche… Ils volent jusqu’en haute mer ; et des navigateurs qui allaient en Libye ont rencontré en mer des troupes de cygnes qui chantaient d’une voix lamentable ; ils en ont vu quelques-uns mourir sous leurs yeux.

Donc, le cygne ne « chante » que dans les airs : il n’est pas improbable que, par la vitesse