Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/141

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Agissez, leur dit-il, et agissez au plus vite ; il est temps que les œuvres remplacent les paroles.

A la bonne heure ! et cela est bien vrai. Mais que peuvent-ils faire sans le concours de l’État, sans l’intervention de la loi ? Fonder des cercles catholiques ? Mais ils existent déjà très nombreux, et, s’ils sont un moyen d’action, ils ne sont pas une solution du problème social. Organiser des corporations mixtes de patrons et d’ouvriers ? Mais, outre que l’entreprise est sans doute chimérique, on n’y pourrait réussir quelque peu qu’avec un programme social déterminé, qui pût vaincre la défiance des uns et des autres. Mais ce programme social, qui commençait à être défini par l’Encyclique et qui supposait l’intervention de l’État, se dérobe et disparait dès que l’intervention de l’État s’évanouit. Et l’allocution pontificale est la négation de l’Encyclique pontificale.

L’attitude et le discours de M. de Mun en sont bien la marque. Au lendemain de l’Encyclique, il était un vainqueur ; l’autre jour, au Vatican, il avait presque l’attitude timide et la parole embarrassée d’un homme à demi vaincu. Lui, qui a tant réclamé à la tribune, dans ces dernières années, l’intervention de l’État en faveur des faibles, dans son petit discours au Vatican il passe l’État sous silence, ou, même, il lui signifie tristement congé. Il ne parle plus que des corporations qui doivent fonctionner « sous la protection de l’État,