Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/187

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à reconnaître que l’enseignement ne doit pas être confessionnel ; et, ce jour-là, il y aurait accord entre tous les Français, non seulement sur la forme gouvernementale, mais sur les institutions vitales de la République et sur la direction morale des sociétés modernes.

Oh ! je ne me fais pas la moindre illusion : ce n’est pas par de belles démonstrations théoriques ou philosophiques que nous amènerons le parti catholique à reconnaître que l’enseignement national doit être affranchi de tout dogme, qu’il doit être la libre culture de la raison. S’il n’y avait eu que des démonstrations de cet ordre pour convertir à la République les conservateurs, ils en seraient encore les ennemis insolents. Mais la République s’est défendue et elle a grandi, et, pour ceux-là même qui, dans leurs préjugés étroits ou leurs passions coupables, ne voyaient pas en elle la force sacrée du droit, elle a su avoir la force incontestable du fait, et, après avoir usé contre elle leurs sophismes, leurs fureurs et leurs entreprises, les conservateurs se sont dit : « Elle est la force, qui sait si elle n’est pas le droit ? Qui sait s’il n’y a pas, selon l’expression pontificale, une légitimité de la République ? »

De même, — que l’enseignement laïque, soutenu avec passion par le gouvernement républicain et les municipalités, se développe ; que les résistances,