Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/205

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la représentation nationale des griefs ou des vœux qu’ils peuvent avoir à formuler.

Mais je me permets de constater que la jurisprudence restrictive et répressive que le ministère de l’instruction publique a adoptée à l’égard des maîtres, depuis la circulaire de M. Spuller, est une jurisprudence nouvelle. Jusqu’ici, on avait permis aux professeurs d’adresser leurs vœux aux membres du Parlement. Il existait même une grande association qui a rendu de nombreux services, l’association des maîtres répétiteurs, qui s’adressait directement au ministre, et les ministres recevaient ses représentants sans les obliger à passer par toute la filière des principaux, des proviseurs et des surveillants généraux. C’était là une pratique très libérale.

Il y a deux ans encore, M. Buisson, directeur de l’enseignement primaire, écrivait à M. Léon Bourgeois, ministre de l’Instruction publique, tout un beau rapport sur l’utilité des congrès nationaux et internationaux pour les instituteurs. « Il est bon », disait l’honorable M. Buisson, « que les membres du corps enseignant apprennent à formuler eux-mêmes leurs vœux ; il est bon qu’ils sortent de l’attitude passive ; il est bon que toutes les questions qui les intéressent soient agitées et discutées par eux. » Et il ajoutait cette phrase : « Mieux vaut la fièvre que la langueur. » Vous l’avez retournée, cette phrase, et, de peur d’une fièvre qui ne