Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/216

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réactionnaire d’alors ; c’est que, sous la puissance oligarchique et bourgeoise de Louis-Philippe, déjà Michelet et Quinet commençaient à annoncer l’avènement de la démocratie ; c’est que, durant la période réactionnaire de la seconde République, Michelet et Quinet parlaient au nom de la démocratie et du droit ; c’est que, lorsqu’est venu le Deux-Décembre, la plupart des professeurs de l’Université — et l’Université ne m’en voudra pas de rappeler ce souvenir qui est une grande gloire pour elle — n’ont pas fermé leurs yeux et leurs oreilles, ne se sont pas dit : « Nous sommes des scholars, nous enseignons les belles-lettres, les vers latins, la grammaire de Lhomond, ou la philosophie de M. Cousin ; tout le reste ne nous regarde pas. Est-ce que les bruits de la rue sont faits pour troubler la sérénité des éducateurs de la jeunesse ? » S’ils s’étaient dit cela, vous auriez eu beaucoup plus d’exemples de lâcheté, et beaucoup moins d’exemples d’honneur civique et d’honneur républicain.

Mais il s’est trouvé des professeurs — et Challemel-Lacour, et Jules Simon, et d’autres — qui ont protesté au nom du droit et ont dit ; « Nous sommes des citoyens ! » Et pendant tout le temps de l’empire il y a eu une protestation éloquente de l’Université contre ce régime d’oppression.

Je me rappelle — pardonnez-moi ce souvenir — qu’étant, il y a quelques années, professeur au lycée d’Albi,