Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/253

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des partis, se sent plus que tout autre obligé au plus scrupuleux dévouement dans ses fonctions. Ce qui, pour les autres, est un devoir, devient, pour lui, par surcroît, une nécessité. J’en pourrais citer bien des exemples, et, si je ne craignais d’être accusé par M. Sarcey de cette rhétorique spéciale qui s’appelle le paradoxe, je lui dirais, avec des détails précis, que ce sont peut-être les professeurs politiciens qui fournissent, en moyenne, la plus grande somme de labeur universitaire.

M. Sarcey dit que le métier de professeur est si pénible, si absorbant qu’on ne peut guère, honnêtement, s’occuper d’autre chose. L’Université est une épouse exigeante et, comme la matrone de la comédie romaine, elle réclame tout son dû. Quand M. Sarcey faisait la classe, il était sur les dents : et il lui restait tout juste la force de soupirer après les vacances. Maintenant, il fait dix, douze articles, dans les journaux, dans les revues ; il ne prend jamais de congés, et il est tenté d’interpeller les journaux disponibles, les revues vacantes qui encerclent l’horizon : à qui le tour ? En sorte que, quand le ministre interdit aux professeurs de se dépenser dans la politique, il les oblige, dans l’intérêt de l’Université, à une sage économie de leurs forces.

Mon Dieu ! tout cela est peut-être vrai, et voilà une physiologie de l’universitaire qui ne manque pas de