Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/322

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

profonds politiques de la monarchie : « Ah ! quel dommage que la France n’ait point à sa tête une dynastie ! Elle ne serait pas à cette heure aussi isolée qu’elle l’est. »

Isolée ?

Je voudrais bien savoir quelle est la nation en Europe qui ne l’est point. Est-ce l’Angleterre ? Elle est réduite, faute d’alliance, faute de point d’appui solide sur le continent, à organiser partout le désordre, à ameuter par les discours de ses ministres l’Autriche contre la Russie, par les articles de ses journaux l’Allemagne contre la France. — Est-ce l’Italie, qui se demande, inquiète, si elle est oui ou non l’alliée de l’Allemagne, qui cherche anxieusement dans les discours de M. de Bismarck un brin d’amitié ou de complaisance, et qui se fatiguera peut-être un jour d’avances rebutées et d’humiliations inutiles ? — Est-ce l’Autriche ? Mais elle est, avec plus de dignité, dans la même situation que l’Italie : l’Allemagne est prise entre elle et la Russie, souriant ou boudant tour à tour à l’une et à l’autre.

L’Allemagne elle-même n’a point d’allié : l’Angleterre, impuissante, embarrassée dans le problème irlandais, reviendra bientôt, sans nul doute, aux mains des libéraux, qui, s’ils n’aiment point tous la France, ne sont pas au mieux avec M. de Bismarck : — lord Granville et M. Gladstone n’ont pu oublier certains procédés — ; la Belgique et la Hollande soupçonneuses, le Danemark hostile, la Russie