Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/324

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alliances en Europe : il est utile d’y avoir des sympathies. »

N’est-ce point là justement la formule de la politique française ? La République n’a les mains prises dans aucun engagement précis et réciproque, c’est-à-dire dans aucun intérêt étranger ; mais elle a su, par sa fermeté et sa réserve, se concilier l’estime des peuples et exalter en sa faveur, dans l’immense et chevaleresque Russie, le sentiment national. On sait qu’elle a de la sagesse, du courage et des armes ; et ces choses-là donnent des alliés ou les remplacent. Quelle dynastie, je vous en prie, eût fait mieux pour nous ?

La vérité est, si l’on veut bien méditer un peu l’histoire, que les alliances sérieuses, efficaces, ne sont possibles que dans trois cas.

Ou bien des gouvernements plus ou moins absolus se concertent pour étouffer dans leurs États les aspirations démocratiques : c’est la Sainte Alliance des rois, la ligue des trônes. De cette ligue, si elle ressuscitait, évidemment notre République ne serait pas. Mais elle ne saurait renaître ; il n’est pas une dynastie depuis le commencement du siècle qui n’ait dû, plus ou moins, composer avec son peuple, et il n’en est pas une dont le trône ne s’écroulât s’il s’appuyait ouvertement sur l’étranger.

Ou bien, en second lieu, divers États se groupent pour contenir ou pour refouler une puissance