Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/330

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une aristocratie quelque peu hautaine et une démocratie quelque peu dénigrante ; il serait fâcheux que l’esprit de coterie pût se glisser dans l’armée. Le ministre de la guerre, en faisant passer tous les futurs officiers par les mêmes étapes, d’abord soldats, puis sous-officiers, puis élèves pendant un an d’une même école normale militaire, coupe court à ce péril ; tous les jeunes sous-lieutenants de l’armée active ont derrière eux la même carrière, et devant eux, s’ils veulent travailler et affronter des examens nouveaux, les mêmes espérances d’avenir ; bien mieux, les officiers de réserve auront eu comme camarades, dans le grade de sous-officier, les officiers qui restent dans l’armée active. Ainsi, d’un bout à l’autre de la grande famille militaire, il y aura une sorte de confraternité cordiale ; ce n’est plus seulement, comme aujourd’hui, un même sentiment d’honneur, c’est la familiarité de la vie commune qui fera tomber entre nos officiers toutes les barrières de préjugés et de castes : la patrie y gagnera et aussi la démocratie.

Je remarque, à ce propos, qu’il n’est point possible de séparer des raisons d’ordre militaire les raisons d’ordre politique et social. Il y a des personnes considérables et de grands journaux, comme le Temps, qui disent : Quand on, fait des lois militaires, il ne faut penser qu’à l’armée. — A la bonne heure ; mais comment penser à l’armée sans penser du même coup à la