Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/356

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permette de supporter sans gémir le fardeau militaire aggravé, et même de se livrer avec une certaine sécurité au travail quotidien. Il coupe court à toute explosion agressive de l’Allemagne ; il n’y aura plus personne dans l’empire pour lui dire, comme on lui disait avant 1870 : « Faisons la guerre pour en finir. » Par là. le discours qu’il a prononcé lundi contribue certainement, autant que peut le faire un discours, au maintien de la paix générale.

Peut-être finira-t-on par s’apercevoir que, pour avoir la paix, il ne manque à l’Europe qu’une chose : croire à la paix. L’Allemagne ne veut point attaquer. La France ne veut point attaquer non plus. L’Autriche, visiblement, ne veut point chercher querelle à la Russie : l’alliance qui l’unit à l’Allemagne est purement défensive. Quant à la Russie, sa politique est plus obscure. Elle ne dit point, et personne ne sait exactement pourquoi elle a massé des troupes en Pologne. Ni l’Autriche, ni l’Allemagne ne lui ont demandé des explications, parce que, comme dit M. de Bismarck, ces sortes d’explications s’enveniment aisément, — preuve de plus, pour le dire en passant, que les deux puissances alliées ne cherchent point une occasion de guerre. Mais il est impossible que la Russie cherche de gaieté de cœur une aventure. Son seul but saisissable est, le moment venu, de rétablir en Bulgarie, conformément au traité de Berlin, l’influence russe : or, son