Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/419

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subissant un déchirement intime dans le déchirement commun de la patrie : nous protestons aussi connue socialistes. Il est intolérable, au moment même où le socialisme veut affranchir toutes les volontés humaines, qu’il y ait des volontés françaises séparées violemment du groupe historique dont elles veulent faire partie. (Nouveaux applaudissements sur les mêmes bancs.) Et si nous combattons, si nous poursuivons le capitalisme, c’est parce qu’il donne à l’homme prise sur l’homme ; si nous combattons dans cette force du capital la prolongation du vieil esprit de domination et de conquête, ce n’est pas pour subir ce vieil esprit de domination et de conquête sous sa forme la plus brutale, quand il fait ouvertement violence à la conscience des peuples. Si nous combattons le militarisme, ce n’est pas pour lui laisser son dernier trophée. Dans nos conflits intérieurs, dans nos grèves, dans nos luttes économiques, nous nous indignons quand le soldat de France est exposé à tirer sur ses frères. Mais à quoi donc sont exposés ceux qui sont enrôlés ailleurs par le militarisme impérial, sinon à tirer un jour sur des frères ? Voilà pourquoi — je tiens à le dire du haut de la tribune, — il n’y a pas dans la conscience sociale du prolétariat universel une seule protestation contre le régime capitaliste qui ne condamne en même temps par une logique invincible les annexions violentes pratiquées sur des peuples qui